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Le 29 août 2023, l’autorité spirituelle du peuple mapuche au Chili, Machi Millaray Huichalaf Pradines, son compagnon Jaime Uribe Montiel et leur fille de deux ans, après avoir parcouru plus de 800 kilomètres depuis leur communauté dans la région de Los Rios jusqu’à Santiago du Chili, ont pris un avion avec escale à Paris, en France, pour se rendre à leur destination finale, Oslo, en Norvège, où elle était invitée à donner une conférence à l'”Université de Bergen”.

À l’aéroport, ils sont passés par la police d’investigation chilienne, et n’ont eu aucune difficulté à monter à bord de l’avion et à effectuer les 12 heures de voyage jusqu’à Paris. Lorsque l’avion est descendu à Paris, ils ont été appelés par le haut-parleur de l’avion ; lorsqu’ils ont essayé de s’approcher de la cabine, cela n’a pas été possible en raison de toutes les personnes qui essayaient de débarquer, et tous les passagers ont donc été priés d’avoir leurs passeports en main car ils allaient tous être contrôlés avant de descendre.

Lorsqu’ils se sont présentés dans la cabine, on leur a dit qu’ils seraient retenus à 8 heures du matin à Paris . Ils avaient des billets pour se rendre à Oslo à 8 h 45 et devaient embarquer immédiatement, mais du fait qu’ils ont été retenus, ils ont manqué leur vol – lorsqu’ils ont essayé d’enregistrer ou de photographier ce qui se passait, la police s’est énervée et ils ont donc dû renoncer à le faire. Ils ont été emmenés dans un train jusqu’à un bureau souterrain où ils ont pu voir un document que la police française avait en sa possession. Sur ce document, apparaissait le visage de Machi Millaray sur une page et sur l’autre le visage de son compagnon Jaime Uribe, et sur ces pages il était écrit : ATTENTION DANGER.

La police française a déclaré que ce document avait été envoyé du Chili aux premières heures de la matinée et que la communication contenait un résumé des affaires judiciaires, sans indiquer si elles étaient en vigueur ou non. Il est important de préciser qu’aucune des personnes retenues en France ne fait l’objet d’un mandat d’arrêt ou d’une mesure conservatoire dans le cadre d’une affaire judiciaire qui l’empêcherait de voyager conformément à la législation en vigueur au Chili.

Grâce à des traducteurs, la Machi Millaray a pu se présenter et rendre compte de son travail de défense de l’eau et des rivières au Chili, en dénonçant l’installation d’un barrage hydroélectrique par l’entreprise Statkraft, propriété de l’État norvégien, sur des sites d’importance spirituelle et culturelle. Les raisons du voyage en Norvège étaient également expliquées ; il s’agit du deuxième voyage en Norvège, cette fois à l’invitation de l’université de Bergen et dans le but de dénoncer Statkraft et de protéger le territoire sur lequel vivent des peuples indigènes. Malgré la discrimination engendrée par les informations données par l’État chilien, les autorités françaises ont été respectueuses de la Machi Millaray et ont décidé, conformément à la loi et à la non-discrimination, de la laisser terminer son voyage, qui s’est achevé à Oslo, où ils se portent bien et n’ont pas de séquelles physiques.

La situation vécue par l’autorité spirituelle et sa famille est un acte de discrimination commis par l’Etat chilien et qui doit faire l’objet d’une enquête, en vertu des obligations contractées à l’égard des peuples originaires et des défenseurs de l’environnement, ainsi que de la responsabilité administrative de la personne qui a transmis cette information.

Video:
https://www.youtube.com/watch?v=xzr2IHJKcxY

La guérisseuse Mapuche Francisca Linconao Huircapan et le pouvoir judiciaire chilien

Une traduction de l’allemand au français de l’article:
https://www.ila-web.de/ausgaben/399/ein-exemplarischer-fall

Non seulement les militants mapuches, mais aussi de nombreuses organisations nationales et internationales des droits de l’homme ont souligné à plusieurs reprises que la justice chilienne a tendance à discriminer systématiquement les Mapuche avec des accusations politiques bénéficiant d’un traitement judiciaire spécial.

Le cas de Francisca Linconao en est un exemple. Comme Machi (guérisseur), Francisca Linconao a une position très particulière dans la société Mapuche. En plus d’un acte d’accusation douteux et d’une attitude intransigeante dans le traitement de son cas, les autorités chiliennes et l’appareil judiciaire outragent non seulement les Mapuche, mais aussi l’opinion publique nationale et internationale. Leurs fonctionnements ne sont pas sans rappeler les pratiques de la dictature militaire.

A la fin du mois de mars, des forces spéciales policières ont profité de la nuit pour entrer en force dans la communauté et arrêter des membres de celle-ci, dont la Machi de 59 ans. Ce n’est pas la première fois que la Machi Francisca Linconao Huircapan et les membres de sa famille sont arrêtés brutalement dans leur sommeil par la police judiciaire d’investigation (PDI).

Francisca Linconao Huircapan vit à la campagne près de la capitale de la neuvième région, Temuco. Sa communauté indigène, Lof, se trouve dans le secteur nommé Rahue. Fransisca Linconao est une dame spéciale avec des compétences particulières. Elle occupe un des postes les plus prestigieux de la société Mapuche. Elle est une Machi , c’est à dire un médecin traditionnel, parce qu’elle a la capacité de guérir. Lorsque la médecine occidentale ne peut pas soigner, la Machi Linconao essaye d’aider les patients.

Elle dit de son rôle: «Je n’ai pas choisi d’être Machi. Ceci est une fonction qui s’est imposée à moi et je devais l’accepter. C’est un travail pour le bien commun de la communauté, un travail pour l’autre, dans le but de protéger la santé physique et spirituelle des membres de ma communauté “.

Comme Machi, ils utilisent des « Lawen », des herbes médicinales qui ne peuvent se développer que dans quelques endroits. Mais précisément à l’endroit où la Machi Linconao prend ses médicaments (lawen), se construit une antenne pour les téléphones mobiles par une grand entreprise privée Palermo Limitada. En outre, cette société Palermo Limitada a des exploitations forestières illégales sur le terrain Palermo Chico. Linconao est allée au tribunal. Elle a justifié son action, car entre autres choses, elle ne serait plus en mesure d’exercer sa profession à mesure de l’avancée d’autres destructions. La communauté a fait référence à la Convention des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (convention 169 de l’O.I.T.) et aux droits spéciaux des autorités religieuses des peuples autochtones. Les juges ont suivi leurs argumentations, ils ont ainsi gagné l’affaire et la société ne pouvait plus continuer à perturber leur espace de travail. Ce fut un précédent pour l’ensemble de l’Amérique du Sud.

Francisca Linconao est une femme forte qui ne cesse de revendiquer ses droits en tant que membre d’un peuple autochtone auprès des puissantes institutions. Cela ne l’a pas amené à n’avoir que des amis dont l’avocat de la société Palermo Limitada, Carlos Tenorio aujourd’hui, l’avocat de feu M. et Mme Luchsinger-MacKay.

La traque de la Machi a commencé en 2013 quand le couple Luchsinger-MacKay a été victime d’un incendie criminel de leur maison. C’est alors que la Machi Linconao est soupçonnée et arrêtée le 4 Janvier 2013. Elle a subi plusieurs humiliations de la part de l’État chilien. Elle a ainsi été écartée de sa position dans sa communauté. Sous la contrainte, ses vêtements traditionnels lui ont été enlevés et elle a été menottée devant la presse. Elle a été accusée de possession illégale d’armes. En Octobre 2013, elle a été acquittée de toutes les charges. En raison des dommages physiques et religieux à l’encontre de sa personne, elle porte plainte contre l’État chilien et gagne à nouveau. Une date en 2015 fut fixée par la Haute Cour pour le paiement des indemnités compensatoires. Au jour d’aujourd’hui, aucunes indemnités n’a été versée par l’Etat chilien. Au lieu de cela, Francisca Linconao subit de nouvelles représailles et persécutions.

Comme si les raids et arrestations nocturnes, les signatures mensuelles au poste de police, les dommages à sa réputation et la dégradation de son état de santé ne suffisaient pas, elle a de nouveau été arrêtée avec dix autres Mapuche dans la nuit du 30 Mars 2016. L’acte d’accusation de onze détenus repose cependant sur une fausse déclaration d’une des personnes arrêtées – Jose Peralino Huinca. Cela est apparu clairement, lors de l’enregistrement des données personnelles dans la salle d’audience de Temuco, qu’il avait signé une déclaration sous la menace. Ses allégations ne correspondaient pas à la vérité.

«J’ai beaucoup de questions” écrit le Machi dans une lettre ouverte à l’actuelle présidente du Chili, Michelle Bachelet. «Pourquoi l’État chilien m’accuse à nouveau de quelque chose que je n’ai pas commis? Je n’imaginais pas que j’aurais à subir un second raid de nuit où ils entrent dans mon espace sacré voulant troubler à nouveau mon équilibre? Pourquoi voulez – vous polluer ma spiritualité de Machi? ” A-t-elle demandé. 1 

Fransisca Linconao explique dans une interview avec CNN Chile que la famille Luchsinger-MacKay, ainsi que leur sœur, ont travaillé avec eux. Ces colons ont même été invités à une cérémonie importante, quand la Machi avait seulement 16 ans.

José Fernando Díaz, un homme d’église, parle de conditions inacceptables et compare celles-ci avec une «chasse aux sorcières». En mai, son emprisonnement a été converti en résidence surveillée. Cependant, presque une semaine plus tard, la cour d’appel prend une nouvelle décision et renvoie la Machi de 59 ans en prison invoquant qu’elle est un danger pour la société. En prison pour femmes de Temuco, la santé de Francisca Linconao se détériore rapidement. Elle est donc de nouveau libérée de prison et assignée à résidence. Cependant, quelques semaines plus tard, la mesure est encore levée. Elle pèse actuellement environ 44 kilogrammes. Elle a été hospitalisée à de multiples reprises. Les médecins confirment l’état critique de sa santé et ne peuvent rien faire pour elle. Dans un rapport médical du Dr Maldonado, il est mis en évidence que la machi souffre d’une gastrite chronique, d’hypertension et qu’elle présente des signes de dépression et d’anxiété majeure. Maintenant, elle est dans un hôpital interculturel à Nueva Imperial et elle est traitée de manière traditionnelle par un autre Machi.

Francisca Linconao demande: «Je veux vraiment vivre dans la dignité sur mon territoire, je veux créer mon équilibre et continuer à travailler comme Machi ».

A l’heure actuelle, elle est emprisonnée pour la troisième fois après avoir été en liberté surveillée à son domicile quelques jours.

1. Carta de la Machi Francisca Linconao une Presidenta Bachelet : www.mapuexpress.org/?p=8239

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Artículo traducido al francés (Fuente: http://www.mapuexpress.org/?p=8103)

De vastes et diverses opérations policières ont eu lieu de manière simultanée ce 30 mars 2016 dans la région de l’Araucanie. Ces opérations ont eu pour résultat l’arrestation de 11 personnes issues du peuple Mapuche qui sont accusées d’une implication dans un incendie criminel datant de janvier 2013 et ayant causé la mort du couple Werner Luchsinger et Vivianne Mackay.

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Fuente: 24horas

L’information a été publiée par la radio Bio-Bio et disait que la perquisition de la PDI (police d’investigation chilienne) fut dirigée par le procureur de la région, Cristian Paredes. Le contingent a reçu l’appui de la « brigade d’intervention tactique de la région métropolitaine ».

Selon nos sources, cette intervention a été planifiée entre la police d’investigation et le ministère public depuis longtemps. Cependant, des personnes ont été mises en détention alors qu’il a été démontré qu’elles se tenaient ailleurs au moment des faits reprochés.

Pour les accusations d’attaque avec un incendie criminel du couple Luchsinger_Mackay, le seul détenu et condamné fut le Machi Celestino Cordova. Il a été condamné à une peine de 18 ans d’emprisonnement pour l’incendie et la mort du couple.

Le cas de la Machi Linconao

Ce n’est pas la première fois que la Machi subit ce type de persécutions. Le 4 janvier 2013, après une perquisition à son domicile situé dans le secteur Rahue, la Machi Francisca Linconao Huicapan a souffert d’une humiliation qui l’affecte jusqu’au jour d’aujourd’hui. Après avoir été détenue et transférée au commissariat de Padre las Casas, elle fut dépouillée de ses vêtements traditionnels.

« Je fus détenue avec violence dans ma maison devant ma nièce de trois ans. Ils m’ont emmené menottée au commissariat et ils m’ont dépouillé de mes vêtements traditionnels. Je suis Machi, une autorité traditionnelle de ma communauté. Ensuite, ils m’ont emmené menottée au centre médical de Pulmahue pour faire un constat de coups et blessures. J’ai été exposée publiquement à travers la presse à une situation qui affecte ma dignité » raconte-t-elle.

Les faits se sont déroulés après les attaques à la famille Luchsinger-Mackay. Les policiers ont perquisitionné son domicile cherchant des armes ou des coupables. Au moyen d’un violent déploiement de force, elle fut détenue sans que ne lui soit expliqué les motifs de sa détention. Le jour suivant, après avoir passé la nuit incarcérée, elle a été informée que la police avait trouvé une arme comme par enchantement.

« Quand ils m’ont embarqué, ils m’ont seulement dit de les accompagner. Cinq policiers m’ont pris de force. Ce jour-là, je sais qu’ils ont pris un couteau qui était au bord de la fenêtre, celui qu’on avait utilisé pour ouvrir un sac de farine. Le lendemain, ils ont parlé de l’arme ».

La Machi Linconao fut acquittée des charges dont elle était accusée et elle s’est déterminée à porter plainte contre l’état. Le jugement pour préjudice moral lui a été favorable et elle a été dédommagée de 30 millions de pesos.

Les faits relatifs à l’affaire Luchsinger-Mackay ont généré aujourd’hui, étrangement, une chasse ouverte.

Le journal Werken.cl a publié : « Durant la matinée du mercredi, l’ ERTA (l’équipe d’intervention tactique) de la PDI de la région métropolitaine, aidé par des effectifs de l’Araucanie à charge du procureur Paredes, a réalisé une gigantesque perquisition dans les communautés de Vilcun, Tres Cerro et Rahue. Ils détiennent 11 Mapuche dont la Machi Francisca Linconao. Le gouvernement Chilien a informé qu’il présentait une accusation pour l’incendie criminel et le décès des grands propriétaires terrien anti-mapuche Luchsinger-Mackay. » Le journal ajoutait : « Nous sommes devant un nouveau montage policier orchestré par les colons et leurs appuis politiques et mafieux qui ont toujours cherché à tuer et emprisonner les mapuche qui luttent pour leur droit et leurs terres ancestrales ».

Il est important de remarquer que les conflits relatifs aux actes de propriétés au sein de la famille Luchsinger et Mackay, alors qu’il y a des preuves évidentes de coups et blessures, n’ont fait l’objet d’aucune enquête.